Le Tailleur De Panama by Un livre Un film

Le Tailleur De Panama by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Éditeur: Seuil
Publié: 2005-04-05T04:00:00+00:00


CHAPITRE 13

Osnard paya le chauffeur de la Pontiac délabrée et s'enfonça dans la nuit. Calme suspect, pénombre, il se serait cru à l'école d'entraînement. Comme souvent dans ce climat pourri, il transpirait, son slip l'irritait, sa chemise était à tordre, et il détestait ça. Des voitures le dépassaient tous phares éteints dans un léger crissement sur la chaussée humide. De hautes haies taillées ajoutaient à la discrétion du lieu. Il avait plu, mais c'était fini. Sacoche en main, il traversa une cour bitumée. Une Vénus en plastique haute de presque deux mètres, éclairée de l'intérieur au niveau de la vulve, diffusait une lueur blafarde. Il se cogna le pied contre un bac à fleurs, lâcha un juron en espagnol et atteignit une rangée de garages avec des rideaux de lanières plastique en guise de porte et une ampoule flamme de faible puissance pour éclairer chaque numéro. Arrivé au 8, il écarta les rubans, chercha à tâtons le témoin lumineux rouge sur le mur du fond -le fameux bouton-poussoir - et appuya. Une voix sépulcrale et asexuée lui souhaita la bienvenue.

“Je m'appelle Colombo. J'ai réservé.

- Vous avez une préférence de chambre, senor Colombo?

- Celle que j'ai réservée, oui. C'est combien pour trois heures?

- Vous ne préférez pas une chambre spéciale, senor Colombo? Far West? Mille et une nuits? Tahiti? C'est 50 dollars de plus.

- Non.

- Alors 105 dollars, s'il vous plaît. Je vous souhaite un agréable séjour.

- Donnez-moi un reçu pour 300.”

Une sonnerie électrique retentit et la gueule rouge d'une boîte aux lettres éclairée s'ouvrit près de lui. Il y inséra 120 dollars et elle se referma aussitôt. Une pause, le temps que les billets passent au détecteur, que le pourboire soit enregistré et le faux reçu établi, puis: “Au plaisir, senor Colombo.”

A la lumière aveuglante d'un spot au plafond un paillasson rouge apparut à ses pieds. Une porte style Tudor s'ouvrit sur un déclic électrique, une odeur de renfermé et de désinfectant l'assaillit comme la chaleur d'un four et un orchestre invisible attaqua O Sole Mio. Trempé de sueur, Osnard chercha des yeux les climatiseurs, qui s'enclenchèrent au même instant. Dans les miroirs rosés aux murs et au plafond, des Osnard à l'infini se fusillaient du regard. Tête de lit en glaces, dessus-de-lit cramoisi en chenille ondulée, éclairage hideux, trousse de toilette gratis contenant un peigne, une brosse à dents, trois capotes anglaises et deux barres de chocolat au lait américain. Sur l'écran de télévision, deux matrones et un Latino de quarante-cinq ans au cul poilu s'ébattaient tout nus dans un salon. Osnard chercha un interrupteur pour éteindre, mais le cordon allait droit dans le mur.

Nom de Dieu. Le coup classique.

Il s'assit sur le lit, ouvrit sa vieille mallette et disposa son matériel sur la courtepointe: une ramette de carbones neufs conditionnés comme du papier machine de fabrication locale, six pellicules de microfilms dissimulées dans un aérosol d'insecticide - pourquoi les gadgets du bureau central semblaient-ils toujours avoir été achetés dans un surplus soviétique? -, un magnétophone miniaturisé non camouflé,



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